(lemonde.fr) - Il avait promis une pause, il accélère. En mars 2010, Nicolas Sarkozy avait annoncé, pour la première fois de son mandat, un ralentissement de sa politique de réformes, avant la présidentielle. "Au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause pour que le Parlement puisse, s'il le souhaite, délégiférer" et "compléter toutes les réformes pour les améliorer", déclarait-il dans une interview au Figaro Magazine.
Près de deux ans plus tard, il n'en est rien. Au contraire, plombé par l'impopularité, distancé dans les sondages par le socialiste François Hollande, confronté à une hausse du chômage, le "président-candidat" a décidé de passer à la vitesse supérieure. Dans la dernière ligne droite avant la présidentielle, le chef de l'Etat a lancé trois réformes structurelles, en l'espace de quelques jours.Sans attendre le sommet social du 18 janvier, il a confirmé, le 31 décembre lors de ses vœux télévisés, sa volonté de mener le projet de TVA sociale, une réforme du financement de la protection sociale destinée à baisser le coût du travail ; il a annoncé la création, sans attendre le reste de l'Europe, d'une taxe sur les transactions financières censée moraliser le capitalisme financier ; et a esquissé six jours plus tard les grandes lignes d'une réforme de l'éducation.
"QUATRE DÉCISIONS STRUCTURELLES" AVANT LE 18 JANVIER
D'autres chantiers devraient même être lancés. "D'ici à la fin du mois de janvier, j'aurai avec le gouvernement à prendre des décisions très importantes, certaines concerneront le financement de notre modèle social", a annoncé M. Sarkozy, mardi, lors de la présentation de ses vœux à la "France solidaire", à Mulhouse.
Le premier ministre, François Fillon, a précisé mardi que le chef de l'Etat et le gouvernement proposeraient "quatre décisions structurelles", avant le 18 janvier, sur le temps de travail, le financement de la protection sociale, la formation des chômeurs et la taxation des opérations financières.
Les mesures en faveur de l'emploi et le projet de TVA sociale, qui feront l'objet de deux projets de loi, devraient être examinées au Parlement en procédure accélérée en vue de leur adoption définitive. Cela devrait obliger les deux chambres, qui devaient au départ siéger jusqu'au 23 février, à prolonger leurs travaux jusqu'à début mars. Ce rythme effréné suscite des réserves dans la majorité, ce qui a contraint François Fillon à appeler la majorité "à faire bloc" derrière M. Sarkozy, qui a "défini une stratégie".
"CETTE GUERRE ÉCLAIR RÉVÈLE UNE INQUIÉTUDE PROFONDE"
Cette "stratégie", dite de la "cible mouvante", consiste à multiplier les annonces pour disposer toujours d'une longueur d'avance sur ses adversaires. Le principe : pendant que l'opposition dénonce une proposition, le président en mouvement en a déjà dégainé une autre... Et ainsi de suite. Elle vise à occuper le terrain, en fixant l'agenda médiatique, et permet de contraindre l'opposition à se positionner sur des thèmes choisis. Une attitude que M. Sarkozy a déjà adoptée lors de son passage au ministère de l'intérieur et pendant les deux premières années de son mandat.
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"La manière dont Nicolas Sarkozy installe une guerre éclair révèle une inquiétude profonde de sa part", raille Jean-Marc Ayrault, conseiller spécial de François Hollande, interrogé par Le Monde.fr. "Il y a un tel rejet le concernant qu'il a été contraint d'adopter cette stratégie de campagne par nécessité", estime-t-il.
"ÉVITER D'AVOIR À JUSTIFIER SON BILAN"
Cette accélération du tempo a en outre l'avantage de saturer l'espace et permet au chef de l'Etat de ne pas être sur la défensive sur le bilan économique et social de son quinquennat, jugé négatif par sept Français sur dix.
"Nicolas Sarkozy est dans une stratégie de mouvement tous azimuts pour éviter d'avoir à justifier son bilan, très faiblement apprécié dans l'opinion publique", observe Frédéric Dabi, directeur du département opinion publique de l'IFOP, interrogé par Le Monde.fr.
"Cette agitation brouillonne, qui est un coup politique, n'empêchera pas de faire le bilan de son quinquennat, assure M. Ayrault. Il traîne tellement de boulets..." Faire l'inventaire des cinq dernières années reste un angle d'attaque récurrent dans la campagne du candidat socialiste. "Nicolas Sarkozy n'échappera pas à son bilan", déclarait déjà M. Hollande dans une interview au Monde, en octobre.
L'UMP récuse cette lecture. "Nous ne voulons absolument pas masquer notre bilan. Nous sommes fiers de toutes les réformes menées depuis 2007. Notre bilan, nous l'assumons et le revendiquons", affirme ainsi Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l'UMP, interrogée par Le Monde.fr.
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